Tang Kun,Bonsaï II (schéma conceptuel de la performance), 2021
plante vivante,mastic cicatrisant pour les arbres,capteur des signaux des plantes.

Tang Kun, représentation schématique de la performance de Bonsaï II, 2022.

Bonsaï II, il s’agit d’un projet de façonnage des plantes, comprenant les techniques de l’horticulture, telles que les stéréotypes de branches, l’élagage, l’enduisage de mastic cicatrisant pour les plantes, visant à développer le potentiel esthétique de l’apparence des plantes afin de les rendre plus ornementales, à notre sens traditionnel du terme. Tout d’abord, je voudrais demander à l’IA de me fournir une structure pour la mise en œuvre de l’élagage des arbres, sur la base de son apprentissage et de l’analyse des données relatives aux plantes du bonsaï et des spécificités des arbres sur lesquels je veux opérer, par exemple, comment tailler ces arbres et quelle partie de ces arbres tailler. Bien sûr, cette demande peut encore sembler difficile pour le moment. Il n’y a pas beaucoup de données sur l’élagage des plantes du bonsaï, les exemples dont l’IA peut se nourrir sont limités, n’étant pas aussi riche que les exemples d’activités, comme telles les échecs, la peinture ou la traduction. Mais à mon avis, si nous pouvions lui fournir davantage d’exemples, de données pertinentes, d’indications et de descriptions nécessaires, elle pourrait donner un ensemble de modèles réalisables pour l’élagage des arbres, tout comme la peinture et l’écriture avec l’IA. 

 

Cette tâche implique des questions d’esthétique. Nous considérons généralement que l’IA n’a pas encore la compétence esthétique, et il est aussi possible que l’esthétique, dans ce sens qui est le nôtre, soit un peu étroits. Si l’on dit, en l’état actuel des choses, que les questions relatives à l’esthétique, à l’éthique, aux émotions, etc. sont toujours ce que nous attendons de l’IA. Si dans les images et les données que nous lui fournissons sur les plantes ornementales et le façonnage des plantes, nous donnons à ces plantes différentes classes en fonction de certains critères. Par exemple, selon les critères horticoles, les plantes les mieux formées, les plus réussies (par exemple celles taillées en formes géométriques), appartiennent à la catégorie de première classe ou du rang le plus élevé, suivies par les moins réussies, jusqu’à ce que, finalement, celles qui semblent manquer de soins appartiennent aux catégories les plus basses. Quel genre de système de jugement l’IA crée-t-elle de cette manière ? Il s’agit bien sûr d’un exemple simple qui peut donner lieu à une typologie dite esthétique très étroite, mais qui pourrait peut-être être mise en œuvre dans des situations et des contextes spécifiques.

 

Il y a également une partie importante dans ce projet qui reçoit, via des capteurs, les changements des signaux physiologiques de la plante au fur et à mesure qu’elle est façonnée et élaguée, et ces données sont transmises en temps réel à l’IA pour qu’elle les apprenne. Cela lui  fait savoir le degré de changement du signal de la plante pendant le processus de manipuler. Si nous convertissons ces ensembles de données de changements de signaux en un langage que l’IA peut comprendre, par exemple, un changement plus intense dans les signaux de la plante signifie que la plante est plus en détresse. En attendant, laissons-la apprendre des informations sur la conservation des êtres vivants. Peut-elle établir le lien entre le concept de protection des plantes et les données physiologiques des plantes réelles ? Si les données sont très détaillées et contiennent divers paramètres de données physiologiques, de plus, on lui dit quelle action doit être entreprise par rapport à ces paramètres, par exemple avertir ou arrêter les comportements agressifs et les forces extérieures sur les plantes à travers des dispositifs externes (lumières, sons) lorsque le signal de la plante atteint une certaine limite.

 

Lorsque les deux normes ou modèles de comportement que nous lui disons incarnent un conflit complet dans un objet quelconque, par exemple, je lui dis qu’élaguer un arbre est une bonne chose et que cela peut être plus esthétique, et d’exécuter cette tâche. D’autre part, je lui dis que le fait de façonner ou d’élaguer une plante lui occasionnera différentes douleurs, qu’il faut éviter et arrêter. Que fait l’IA à ce stade ? Est-ce qu’elle modéliserait et m’indiquerait la meilleure solution pour l’élagage, et en même temps, elle me disant que je ne dois pas élaguer afin de protéger la plante ? Si nous remplaçons le rôle de l’exécution de cette tâche par un robot, et que l’IA domine ce robot, comment celle-ci agirait-elle à ce moment-là ? Si l’IA a besoin que l’homme lui dise quelle solution adopter pour un problème contradictoire, mais nous n’avons pas, actuellement, la réponse exacte, laissons-la alors accomplir cette tâche, ainsi que les robots. Je suis très curieux de savoir quelle réaction elle aura. Elle devrait être peu susceptible de montrer un comportement indécis entre couper et ne pas couper. Alors, est-ce que cela mettra-t-elle arrêter la tâche ?Si notre attente ultime de l’IA est d’être altruiste, humble, dévouée et contrôlable, je suis curieux de voir quel chemin de connaissance elle empruntera pour réagir de manière comportementale lorsqu’elle rencontrera un problème contradictoire qu’elle ne pourra pas traiter pour mener à bien la tâche.

 

Bonsaï II est traité d’une relation tripartite entre les hommes, les plantes et l’intelligence artificielle. En même temps, ce projet recèle un certain égoïsme, celui d’essayer de revendiquer un sens à l’existence humaine dans une tendance de développement où l’intelligence artificielle s’éliminer, de plus en plus, l’intervention humaine, ce qui, bien sûr, peut n’être que l’obsession bien-pensante de l’artiste et le dernier coin où se trouve de sa pathétique dignité.