“La terre apaise sa surface. Et referme ses gouffres…”,2019
performance
participants : Jing Jing, Zhao Fei
vidéo et photographie : Hu Jiaxing
“大地表⾯上显得平静,填平了它的深坑…”,2019
行为
参与者:井璟,赵斐
录像及摄影:胡嘉兴
Ne viens pas trop tôt, amour, va encore ;
L’arbre n’a tremblé que sa vie ;
Les feuilles d’avril sont déchiquetées par le vent.
La terre apaise sa surface
Et referme ses gouffres.
Amour nu, te voici, fruit de l’ouragan !
Je rêvais de toi décousant l’écorce.
—- René Char
“La terre apaise sa surface. Et referme ses gouffres…”是一次行为创作。标题取自勒内·夏尔的诗“你不要来得太早”。这是一首描写爱的作品。“赤裸的爱”,那是“风暴的果实”,因而人、树木、大地也都受其影响。或许我们可以理解为“爱”是连结万物的一种纽带。
在这次行为中,艺术家使用了红色赭石矿物粉。自史前时代起人们就广泛使用这种材料以涂抹自己的身体,创作岩壁绘画等。现在人们判断这些活动与我们祖先的宗教信仰密切相关。甚至有人认为史前的艺术家可能就是巫师,它们的“创作”类似于萨满的行为。萨满相信任何事物都有灵性,他们在进行仪式活动时会借助任何自然物达到出神的状态。从某种意义上讲,这种矿物粉既是艺术创作的材料,也是与众生灵进行沟通的媒介物之一。
这件行为在法国布列塔尼地区的原野景观中实施。两片耕地之间形成了一列狭长的垄谷,仿佛是一道大地裂缝。相传古希腊的德尔菲阿波罗神庙就建造在一道天然的大地裂缝之上,祭司就是在这种地势环境中接受神谕的。
行为实施的时间选择在拂晓时分,介于黑夜与白昼、梦境与现实之间。艺术家卧于“大地裂缝”之中,身体与大地最大限度接触。另两位行为参与者,一前一后,缓步绕行于垄谷旁边,同时将手捧的彩粉挥洒在艺术家身体上及垄谷里,此动作带有节奏地循环往复,似乎要将艺术家置身其中的垄谷填平。而艺术家也由此将与大地逐渐融为一体,身体的呼吸,肢体的伸展、挥动……构成聆听和感受大地,与之“情感”对话的方式。
« La terre apaise sa surface. Et referme ses gouffres… », il s’agit d’une performance. Ce titre est issu de deux vers du poème de René Char intitulé « Ne viens pas trop tôt », une œuvre sur l’amour. L’« amour nu » est le « fruit de l’ouragan ». Par conséquent, l’homme, les arbres et la terre en sont affectés. Nous pourrions peut-être comprendre l’ « amour » comme un lien entre toutes les choses.
Pour cette performance, l’artiste a utilisé de la poudre minérale d’ocre rouge. Depuis les temps préhistoriques, les hommes utilisent largement ce matériau pour peindre leur corps et créer des peintures pariétales… Ces activités sont aujourd’hui considérées comme étant étroitement liées aux croyances religieuses de nos ancêtres. Certains pensent même que les artistes préhistoriques auraient été des sorciers, et que leurs « créations » ressemblent aux actes des chamanes. Ceux-ci croient que la spiritualité est omniprésente, ils atteignent un état d’extase à l’aide d’un objet naturel quelconque pendant leurs rituels. Dans une certaine mesure, la poudre d’ocre constitue à la fois le matériau de création artistique et l’un des médiums de communication avec les esprits.
Cette performance a été effectuée dans le paysage campagnard de la Bretagne, en France. Deux champs labourés forment un étroit sillon, comme s’il s’agissait d’une fissure de la terre. Selon la légende, le temple d’Apollon à Delphes, dans la Grèce antique, était construit sur une fissure naturelle de la terre, et c’est dans ce cadre topographique que les prêtres recevaient les oracles.
Le moment de la performance a été choisi à l’aube, entre nuit et jour, entre rêve et réalité. En s’allongeant dans la « fente de la terre », le corps de l’artiste est en contact maximal avec elle. Les deux autres participants de cette performance, l’un devant l’autre, marchent lentement sur le côté du sillon, tout en jetant de la poudre colorée sur le corps de l’artiste et sur le fond du sillon, de manière répétitive et rythmique, comme s’ils allaient remplir la fente dans laquelle se trouve l’artiste. De cette manière, celui-ci s’intègre progressivement à la terre. La respiration de son corps, l’étirement et l’agitation de ses membres constituent, pour lui, des moyens d’écouter et de sentir la terre. Il s’agit également d’un dialogue « émotionnel » avec elle.